Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

jeudi 26 décembre 2013

La basilique de l'Epine (Marne)

La basilique de l'Epine en Champagne

Je voudrais visiter la basilique de l’Epine. Bien sûr, nous la connaissons tous de près ou de loin, elle nous émerveille de sa majesté…

La beauté de cet endroit, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, est placée sur la route de Saint-Jacques de Compostelle.
C’est une  construction en plein plat paysage champenois, tout juste à côté de Châlons en Champagne. Dès 1405 ou 1406 elle commence à s’élever au milieu de « rien » …
Les premiers pèlerins la voyaient de loin et pouvait marcher vers elle depuis l’horizon. Victor Hugo écrivit de l’Epine : « C’est une surprise étrange de voir s’épanouir superbement dans ces champs (…) cette splendide fleur de l’architecture gothique…".

Pourquoi remplacer une petite chapelle à rémissions en ce début de 15ième siècle, et construire une église presque de la taille d’une cathédrale, en pleine nature, au milieu des champs, des moutons, des savarts, et de quelques petits abris de bergers ? Il y avait bien Reims, Noyon, Sens mais tous ces édifices se trouvaient au cœur de la ville !
L’histoire nous dit que des bergers, attirés par une lumière vive ont trouvé la statue d’une Vierge à l’Enfant, brûlant au milieu d’un buisson ardent la nuit même de la fête de l’Annonciation.
C’est ainsi que l’on construit des merveilles pour le reste des Temps et l’Epine devient un lieu de pèlerinage !

Qu’est-ce qui distingue une basilique d’une autre église ? L’Epine est considérée comme Basilique mineure, ce qui signifie qu’elle a été distinguée par un pape. C’était le pape Pie X en 1914. Au regard de cette distinction, voilà Notre-Dame de l’Epine, avec une préséance avant tout autre église.

Je vous invite à découvrir avec moi, quelques particularités de ce lieu intime, coloré, lumineux, et quelle que soit votre confession à la méditation, au recueillement.
Je ne vais pas vous faire, faire le tour de l’église, les visites guidées vous en diront tellement plus…
Mais attardons-nous ensemble sur quelques points que vous noterez lorsque vous irez la visiter…
D’abord la façade, elle est de style gothique flamboyant. Vous remarquerez les gâbles pointus et ouvragés de petites excroissances : des flammes sans doute, les pinacles, les tours qui s’élèvent fièrement vers le ciel, la rosace qui semble se cacher derrière le gâble central … Sa façade est aussi harmonique ce qui signifie que vous pouvez « des yeux » la partager en trois, ou ses multiples: 3 entrées, trois niveaux, deux flèches et un évidement entre elles deux, la Trinité y est déjà représentée.
Entrons… le lieu est de lumière, apaisant, propice à l’admiration silencieuse, à la communion intérieure….

Installez-vous sur une chaise de la nef, regardez et notez dans le jubé, une statue de la Vierge posée là en mémoire de l’histoire du lieu. La statuette représente une vierge et son fils …. Il semblerait qu’elle soit datée du 14  ième siècle, l’analyse en laboratoire, de la peinture l’ayant confirmé. La flamme d’une bougie dispense sa Lumière… Autrefois Marie de cette basilique avait sa garde-robe, manteaux de brocarts, de soie, que l’on changeait selon la liturgie. Tout cela a disparu !

Puisque nous sommes à l’observation du jubé, qu’on pourrait appeler « une clôture de chœur », voyez sa décoration de pierre, croisillons marqués d’épines… Epines nom du lieu, ou Epines du martyre du Christ, épines de style flamboyant ?
 Autrefois lorsque le prête montait dans le jubé, en y accédant par un tout petit escalier ouvragé dont la porte est à l’intérieur du chœur, il déposait sa bible sur un lutrin, installé sous la poutre de Gloire. Le lutrin de l’Epine est en pierre, et que voit-on dessous ? Un escargot sculpté… Surprenant, non ? En fait il s’agit d’un symbole magnifique : la coquille de l’escargot est une spirale qui nous renvoie à l’éternité signifiant ainsi la progression de la foi.

Mais voyez-vous cette espèce de parapluie jaune à l’intérieur du jubé ? Non, il ne s’agit pas d’un parapluie et j’en demande pardon à mes auditeurs pour une telle comparaison….. non, il s’agit d’un pavillon, marque de la distinction papale.
Si cet objet était ouvert (comme un parapluie) alors c’est que le pape serait dans l’église…
Regardez l’intérieur du chœur, il est splendide tout ouvragé d’un côté de style Renaissance, et de l’autre du pur gothique.

Avançons jusqu’à la petite chapelle de la mise au tombeau.
Ils sont tous là, les deux anges qui tiennent les instruments de la Passion,  Nicodème, Joseph d’Arimatie lui qui a demandé à Pilate d’ensevelir Jésus dans son tombeau. Marie-Salomé avec le pot d’aromates et le linge pour essuyer le corps du Christ, Marie et St Jean derrière elle, Marie mère de Jacques, les voiles de ces femmes cachant difficilement leur lourd chagrin et le sculpteur a laissé pour l’éternité les larmes couler sur leurs visages …  et la Belle très Belle Marie-Madeleine.. la coiffe  de ses cheveux glisse, révélant un visage d’une pureté lumineuse, si douce et si triste… Et puis bien sûr, Jésus plus présent que jamais, le sang coulant de ses blessures….
Une merveille de la sculpture champenoise. - Elle n’est pas signée, - elle est du 16ième siècle, - - on sait juste qu’elle provient du Couvent des Cordeliers de Châlons, - réalisée par des artistes locaux -  et la pierre est d’origine locale, peut-être de la pierre de Savonnières comme  l’édifice entier, mais en aucun cas du marbre.

Enfin, le tabernacle reliquaire qu’il faut voir… Bien souvent on passe à côté sans le voir. Il est dans le déambulatoire, accolé au chœur. Elle est là, la Vierge des Litanies… Celle à qui on allait se confier, se confesser dire sa peine, offrir ses joies, avouer ses espérances… Sur le mur, peint doré on y retrouve les attributs de la virginité : le jardin fermé, la tour de David, la porte du Ciel, la fontaine d’eau vive, le soleil, le miroir, la rose … Autrefois, en ce lieu,  pour s’approcher de la Vierge, un escalier -aujourd’hui disparu- permettait d’être au plus près du tabernacle, mais le lieu et notre imagination redessinent l’histoire …
Avançons un peu plus et dans la basilique même, il y a un puits.
C’est le puits de l’œuvre. Il a servi, pour construire l’édifice, pour distribuer son eau bienfaisante aux hommes, aux bêtes qui vivaient autour du lieu… Il est toujours en état de fonctionnement et va chercher son eau à 26 mètres de profondeur. On lui attribue aussi une fonction miraculeuse….

Je vous invite à voir et revoir ce lieu d’exception, à regarder les vitraux si lumineux, portant les styles du 20 ième siècle, la tribune d’orgue avec ses symboles païens illustrant les jours de la semaine et seulement 8 apôtres sur 12…

Un lieu qui s’est construit sur plus d’un siècle, en pleine guerre de Cent ans, qui a vu des rois de France, des guerres,  a vécu heurts et malheurs et qui n’attend, vous rien que vous…


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